Quand vous mettez deux cuillères de sucre dans votre café ou votre thé, ne pensez pas que ce produit vient de nos champs. Il est importé, ce depuis des années.
Si vous jetez un œil de près a ce sucre que nous buvons tous les jours, vous constaterez qu’il est différent que le sucre que nous produisons dans les champs de cannes. Il est doux, certes, mais sa texture est complètement différente que notre sucre. Pour nous, les pépites sont des petites bulles presque rondes et douces au toucher. Prenez le sucre que nous achetons en sachet, il est longiligne et transparent. Pas une once de fangourin et son doux parfum. Rien de rien.
On a approché Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de l’association des petits planteurs, qui a des explications à couper le souffle. « Maurice n’arrive plus a produire le tonnage requis pour l’exportation vers nos marchés traditionnels. Les champs de cannes sont abandonnés faute de bras ou alors la main-d’oeuvre est trop onéreuse. La relève n’est pas assurée, les planteurs actuels deviennent vieux et sont fatigués, ayant travaillé de longues années dans des conditions difficiles et déplorables. Puis, il y a le prix du sucre sur le marché mondial qui a drastiquement baissé », nous dit-il.
Autre point qu’il soulève est la production de sucre à travers des betteraviers en Europe. « Les betteraviers obtiennent d’immenses subsides de leurs gouvernements respectifs. Ils en produisent pour noyer de sucre a base de betterave l’Europe et à moindres frais. On ne peut ‘compete’’ avec eux en termes de prix », ajoute-t-il.
Autre facteur qui affecte le sucre mauricien est que la durée de vie pour une bonne récolte est de 6 à 7 ans, alors que pour les betteraviers la période est de 6 mois seulement : « «Si le prix du sucre a base de betteraves baisse sur le marche mondial, les planteurs peuvent changer de culture en 6 mois en passant aux céréales et n’ont pas à attendre 6-7 ans comme pour le sucre à base de la canne qui est un ‘fatak’ ».
Un autre point saillant qui découle de notre importation de sucre pour la consommation locale est la présence de deux distillerie de raffinage : Alteo et Omnicane. « Si notre production est faible, les deux raffineries sont obligées d’en importer, car leur production est plus forte que ce que nous pouvons les offrir.
Entre en jeu alors le Mauritius Sugar Syndicate qui achète le sucre roux de l’extérieur pour les raffineries qui les exporte en sucre raffiné vers l’Europe.
L’Europe était un continent nettement importateur de sucre de la canne. Avec les betteraviers, ces pays sont devenus des exportateurs de sucre à base de la betterave. Il y a aussi le fait que l’Union Européenne a donné une enveloppe d’aide à Maurice pour les petits planteurs de canne pour compenser. Mais, dit Kreepalloo Sunghoon, cet argent est allé dans des ‘capital projects’ et non dans les champs.