Asrani Gopaul, Senior Lecturer à l’UoM :
Il n’arrondit pas les angles. Franc et direct dans ses réflexions, il fait un plaidoyer pour que les parents en devenir se fassent ‘coachés’ par des professionnels afin qu’ils puissent élever leurs enfants comme nos grands parents avec un zeste de modernité. Faute de quoi, leurs chérubins risquent fort de mal tourner, comme c’est souvent le cas. Telle est l’analyse d’Asrani Gopaul, Senior Lecturer et spécialiste de la famille, à l’Université de Maurice.
Quel regard portez-vous sur le comportement des ados en général ?
Les ados à Maurice se comportent de façon normale si on compare à d’autres sociétés qui ont suivi le même mode de développement social que le nôtre. Il y a des phénomènes qui sont présents ici et qui sont comme dans d’autres sociétés plus modernes. La vitesse à laquelle les jeunes accèdent à des programmes électroniques en est un exemple.
Est-ce leur précocité qui les pousse à agir plus qu’en adultes irresponsables ou alors suivent-ils la tendance mondiale ?
Non, je dirais plutôt que cette précocité est mal gérée par ceux qui sont responsables de leur développement : ceux qui proposent des programmes macro-sociaux, les cellules familiales et le système d’éducation qui sont proposés, des fois trop académiques au détriment du développenment personnel de l’enfant.
On reproche souvent aux ados et même des plus jeunes de mal se comporter en société : est-ce vraiment de leur faute ou faut-il voir le mal ailleurs ?
Les enfants, y compris les adolescents, sont un reflet de notre société qui devient de plus en plus égoïste au détriment de la vie communautaire et familiale. Il y a un manque de communication à tous les niveaux. Les organisations qui regroupent les jeunes peinent à avoir un bon niveau de fréquentation. Il y a très peu d’institutions pour promouvoir les valeurs essentielles au bon développement de l’enfant. Les programmes de jeunesse doivent devenir une partie intégrante du programme scolaire. Les adolescens doivent comprendre les opportunités qu’offre une société plus saine et leurs responsabilités envers ladite société. Il nous faut un vrai renouvellement de la politique sociale pour les jeunes.
Les parents sont pris par leur travail pour faire vivre la maisonnée. Est-ce à dire que ce sont les enfants qui en profitent pour faire ce qu’ils veulent, ni vu ni connu, ou alors sont-ils mis au second plan par leurs parents qui se désistent devant leur rôle ?
Les parents ont trop tendance à transférer leurs responsabilité parentales sur d’autres institutions : école, leçons particulières ou autres activités où les enfants sont inscrits. La socialisation est donc faite à travers l’internet ou d’autres groupes de jeunes. Les parents perdent donc contrôle sur le comportement de leurs enfants. La classe moyenne est prise dans le labyrinthe de l’achat à crédit ou ils doivent travailler plus, souvent avec beaucoup d’heures sup. pour joindre les deux bouts. C’est une des retombées du système capitaliste: les valeurs familiales sont les plus affectées, car les enfants sont souvent laissés à eux-mêmes.
Certaines jeunes filles deviennent d’une façon précoce mamans. Sont-elles prêtes et suffisamment encadrées pour jouer un rôle qui ne devrait pas être le leur, vu leur jeune âge ?
L’enfant doit légalement être à l’école. Dans plusieurs rencontres qu’on a faites pour les besoins de recherches, nous avons rencontré plusieurs cas où de jeunes mamans ont été abandonnées à leur sort parce qu’elles ont enfanté à un très jeune âge. L’accompagnement social devient alors très important, au cas contraire ces jeunes deviennent victimes d’autres fléaux sociaux. Par exemple, la prostitution et l’infernale drogue et la pauvreté.
Souvent, des parents font passer leur propre vie, leur liberté et autres au détriment de leurs gosses. Est-ce à dire que c’est un déni de leurs responsabilités qui sont de ‘cater’ for their kids first and foremost’ ?
La famille moderne est devenue une cellule égoïste et beaucoup trop protectrice. Mais protrectrice dans un mauvais sens où les parents pensent que le seul moyen d’élever leurs enfants est de leur fournir des choses exhorbitantes qui sont par la suite utilisées d’une mauvaise façon. La famille protectrice devient alors la raison de leur rupture. C’est une rééducation des parents modernes qu’il nous faut. Un autre type de socialisation qui nous mènera à long terme à une famille solide.
On parle d’une école de parents. N’est-il pas temps d’éduquer des parents à être des parents dans le sens propre du terme, car certains abdiquent inconsciemment ou volontairement à ce role d’être le ‘peer’…
Un accompagnement solide au mariage est nécessaire. Un cadre légal solide aussi est très important. La préparation avant le mariage pour faire comprendre le vrai ‘parenting’ aux futurs parents est primordiale. Les institutions socio-culturelles doivent comprende qu’elles ont l’avenir du pays entre leurs mains et que le government ou les ONG ne sont pas les seuls responsables de l’avenir des enfants et de la construction d’une société saine et moderne. Nous n’arriverons à éduquer les parents que si ces trois institutions travaillent ensemble. La disparité dans le comportement des parents à différents niveaux de revenus est aussi très importante. L’éducation parentale doit cibler tout le monde. Un ‘national framework’ est très important dans ce sens.
Est-ce que les parents mono-parentaux, séparés ou divorcés et les querelles conjugales ont-ils un effet néfaste sur les enfants jusqu’à les pousser à se refermer sur eux et à s’éclater ailleurs quant ils en ont l’occasion ?
Oui, et des fois ces enfants sont laissés à eux-mêmes et le fait que la cellule familiale a été démembrée, ils se retrouvent seuls. Mono-parentaux ou séparés n’est pas la cause. Il y a beaucoup de cas où des enfants issus de familles mono-parentales ou séparées deviennent de jeunes très responsables. Ce sont plutôt des familles solides qu’il nous faut. La communication parents-enfants doit être primordiale. Il doit y avoir un bon suivi des parents sur la vie de leurs enfants, leur comportement à l’école, leur santé mentale, leur progrès scolaire, leurs fréquentations en dehors du cercle familial. Être des parents comme autrefois avec une touche de modernité est la solution. C’est là où l’éducation parentale devient importante. Il nous faut au plus vite venir avec un plan pour la famille moderne, un ‘rethinking’ de la famille mauricienne.
Jean-Claude Dedans
Parents : la racine du mal
Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es. Cet adage sied bien avec le sujet hautement sensible que GDNews traite pour son retour sur le web le vendredi 7 août 2020. Les parents s’arrachent les cheveux, ne savent plus à quel saint se vouer. Le ciel leur tombe sur la tête au fur et à mesure que leurs enfants échappent de leur contrôle. Des garnements qui font fi à l’autorité parentale ou simplement sont-ils poussés vers une marginalisation de par un mal-être qui trouve ses racines profondes dans le comportement de leurs parents ? Le mal trouverait-il ses origines vers ceux censés leur montrer le chemin de la vie parce qu’ils jouent aux abonnés absents en permanence ? Eléments de réponse.
Nul n’est prophète chez soi, dit-on. C’est devenu une seconde nature que de mettre sur le dos des ados tout ce qui cloche dans notre société. On ne peut blairer de voir une jeune fille de 14/15 ans se faire entrelasser par un petit gars pas plus âgé qu’elle. Ou alors de les voir déambuler dans les couloirs des arcades ou aux gares routières, certaines se chamaillant volontiers à coups de jeux de grossiers mots qui font frémir nos aînés. Il y en a qui se font un malin plaisir à vilipender ça et là des passants qui prennent leur grippe en patience.
Bref, ces images sont des clones tout crachés de ce qui se passe ailleurs dans le monde. On n’invente plus la roue. Mais alors, nos jeunes sont-ils condamnés à être des chenapans et de vivre dans une délinquance perpétuelle tout le passage de leur vie à un âge sensible de leur existence ? Sont-ils condamnés à être de détestables énergumènes que les adultes méprisent ? Ou alors…
Une kérielle de questions se posent et les réponses ne sont pas toujours agréables à entendre pour papa et maman. Tellement elles sont sonnantes aux oreilles. Les raisons sont tout aussi multiples que tangibles. Et si nous nous y intéssions de plus près à ce qui ronge de l’intérieur ce cancer qui gangrène et qui détruit à petits feux papa, maman et enfants?
Papa et maman dans leur bulle
Souvent, nous les adultes avons tendance a jeter l’opprobre sur les autres, on ne balaie jamais devant sa porte ou alors on le fait en cachant la saleté sous le tapis. Ce qu’on oublie alors est le fait que de la merde s’entasse sous nos yeux et que cela nous pètera un jour ou l’autre en plein visage. On se posera alors la question suivante : qu’avons-nous fait pour mériter un tel sort ? Pourtant, dans le subconscient collectif, on se dit toujours que cela n’arrive qu’aux autres. ‘Cote banne la sa, are nous non’ est le leitmotiv de beaucoup pour se donner bonne conscience. Mais, ces parents savent au fond d’eux que le bât blesse quelque part et qu’ils arpentent un rugueux chemin de non-retour.
En-dessous de tout vernis, il y a la réalité qu’on ne peut esquiver, qu’on le veuille ou non. La preuve : toute action conduit à une réaction. Pourquoi un/e ado boude-t-il/elle ou fait fi de l’autorité parentale, autrefois sacro-sainte ? L’avis de Laeticia, jeune fille de 16 ans, mérite d’être limpide et a le chic de le dire sans demi-mesure : “Chez nous, c’est chacun pour soi, jamais un dîner ensemble, chacun est dans son coin ‘chattant’ sur son portable. Si on tente un geste gentil, un pas en avant pour colmater ce qu’il reste de notre famille, on se fait rabrouer. C’est comme-ci on dérangeait tout ce beau monde dans leur bulle”.
Laeticia ajoute qu’elle n’est pas seule dans son cas et que la plupart de ses amis vivent le même calvaire. C’est un coup de coeur de cette jeune femme en devenir : “Il n’y a qu’à voir l’attitude, le comportement de mes amis, on est ensemble sans l’être, c’est devenu un monde virtuel, presque du factice et on ose parler de civilité alors que toutes les valeurs qui devraient être les nôtres se fondent comme neige au soleil. C’est une situation de non-retour entre parents et enfants, entre mon papa et maman et moi”.
Elle a ainsi décidé de mener seule sa vie, profitant de l’absence fréqente de ses parents pour vradouiller, s’amuser avec ses potes, faire l’école buissonnniere et surtout utilisant son argent de poche, environ Rs 100 par jour, pour s’offrir “de petites drogues pas trop dures”, comme elle l’avoue, rien que pour oublier le calvaire qu’elle vit au quotidien par la faute de dses parents. Depuis quelques mois, Leticia a changé du tout au tout, elle se néglige, rentre tard, n’est plus assidue dans ses études, a de mauvaises notes. Bref, elle végete et n’est pas loin de se perdre dans des méandres qu’elle s’est construites et dans lesquelles elle se complait depuis.
Au fond d’elle, Laeticia bouillonne de colere, elle a une envie folle d’en finir avec sa vie, mais ses amis l’entourent, le recadrent et l’accompagnent dans un cheminement difficile, alors qu’elle avait tout pour vivre une vie épanouie et pleine d’espoir. La faute à qui ? Réponse claire et nette : “Mes parents, leur absence, leur je-m’en-foutisme, c’est comme-ci je n’existais pas, ils ne voient que leur petite personne, s’amusent, sortent entre amis,font des heures sup. et oublient ce qu’est une famille, ce qu’est leur fille qui souffre en silence”.
Le village aussi
Sunil, qui habite un village du Nord et qui aurait dû être moins affecté par le tumulte de la vie tumultueuse des habitants des villes, n’est pas épargné pour autant. 15 ans et des poussières, il est un jeune homme en devenir déchanté. Pourquoi autant de pessimisme aussi jeune âge ? Est-ce la croissance et les hormones qui lui jouent un mauvais tour, est-ce qu’il est un mal-compris? Ou est-ce que le mal est enraciné au plus profond de sa cellule familiale ?
La réponse est toute trouvée : c’est une famille au dehors bon chic bon genre, mais rongée jusqu’à la moelle de l’intérieur. Constatons le vécu quotidien de ce jeune villageois,
Sunil est benjamin d’une fratrie de quatre enfants, son père Ganesh, âgé de 52 ans, est poseur de pierres à son compte, tandis que sa maman, Anita, 51 ans, tient une petite boui-boui (tabagie), vendant principalement des ‘badjas’, des gateaux piments, des samoussas végétariens et quelques autres babioles. “Maman est une bosseuse et pas dépensiaire, elle économise la moindre roupie, non pas pour elle, mais pour la famille. C’est elle qui roule la maison, alors que mon papa aussi travaille dur, mais il est un fervent disciple de Bacchus”, nous relate Sunil, revenant du collège.
Est-ce à dire que le pater a pour priorité sa bouteille et ses ‘grogs’ avant de penser à la maisonnée ? L’adolescent baisse la tête et lâche : “Des fois, j’ai honte rien que d’en parler. Oui, papa consacre une bonne partie de son maigre salaire dans la boisson avec ses amis de bar et quand il rentre, il est presqu’ivre et fait des siennes “. C’est- à-dire ? “Il faut vraiment que je vous fasse un dessin ? Mon papa est hors de lui comme il rentre. Il ne se soucie pas que maman s’est tuée à travailler et à préparer le repas et aussi à faire le ménage, la lessive. Ils vont se chamailler jusqu’ à des fois en venir aux mains”, nous répond l’ado.
Quid de ses frères et soeurs ? Sunil a l’air résigné et joue avec ses mains comme désespéré. Pour lui, c’est du pareil au même pour toute la famille : “Rien ne va plus, les sempiternellles guerres entre mes parents ont eu raison de nous tous. On se croise dans la maison, on se salut par courtoisie, mais c’est chacun pour soi et l’atmosphere est lugubre et froide qui donnent envie de se tailler le plus loin possible. En fait, quand j’aurais mes 18 ans, je me casserais de chez moi même si je ne sais encore où j’atterrirais au risque de mal tourner comme ces jeunes sans foi ni lois”.
En fait, les cas de Laeticia et de Sunil ne sont que le sommet d’un iceberg qui se fond. En-dessous de ce qui est visible se cache un désarroi qui, avec le temps, finit par démolir ce qu’il restait encore comme une façade familiale. Un cocon qui s’effrite, une vie qui part en ruines.
En sociologie, on appelle cela des dommages collatéraux. Irréversibles et irrécupérables. La faute à qui, selon des ados ? L’incompréhension et l’absence dans leur vie de ceux qui auraient dû être leurs guides à un moment dans la vie de tous qu’est l’adolescence : leurs parents.
Encadre 1
On ne naît pas parents, on le devient
Selon les sociologues, devenir parents requiert beaucoup de dons de soi, de la patience, de l’abnégation, de mettre à l’éteignoir la vie trépide vécue, de se sacrifier à l’échafaud afin de concentrer les efforts sur leurs chérubins qui doivent être à jamais l’épi-centre de leur existence.
Si on prend au mot ces réflexions somme toute sérieuses, on met le doigt dans une plaie béante que beaucoup de parents trimballent comme des casseroles.
Des parents comme ceux de Lareticia et de Sunil, on en dénombre une multitude à Maurice, commme ailleurs. La preuve : ils sont nombreux des couples qui, par abstraction, par égoïsme, par l’envie de conserver le rythme d’un passé tumultueux, par continuer à mener une vie de folie pour rester zen, croyant que tout est permis et à n’importe quel âge de la vie. Bref, des hommes et des femmes qui refusent de grandir dans leur tête de linotte parce que ne voulant pas faire une croix sur ce qu’ils étaient ou ce qu’ils ddevraient être, sans s’en rendre compte que tout n’est plus comme avant aussitot devenus parents.
Il y a quelques faits sanglants : la peur d’être parents; l’envie de conserver la liberté; l’alcool; les sorties entre amis au bar ou en boîte; la frénésie de rester jeunes physiquement et mentalement. Pourtant, selon des sociologues experts à dépecer la cellule familiale, un couple se doit d’oublier ce qu’il a été et a vécu et l’envie de perpétuer ces habitudes, nous dit le Senior Lecturer de l’UoM, Asrani GopaulIl est vrai que dans la tête, on peut demeurer jeunes tout en remplissant son rôle de parents, nous dit-il encore (voir l’interview plus loin).
Toutefois, être parents veut dire ne pas tout arrêter, mais de mettre un bémol, soit perpétuer ses acciennes habitudes mais avec modération. Car, il y a d’autres priorités qui accompagnent le fait d’être papa et maman. Si certains réussissent à relever le défi avec brio, d’autres fléchissent et c’est là que tout bascule.
Il n’y a qu’à voir ces jeunes et leur comportement en public. Encore que c’est visible, mais que font-ils derrière un mur, là où personne ne les voit ? Imaginez le pire des scénarios, surtout pour ceux qui n’ont aucune pression parentale parce que presque laissés à eux-mêmes. Parce que papa et maman ont d’autres centres d’intérêt, d’autres chats plus intéressants à fouetter que de jeter un oeil sur leurs progénitures. Ceux-ci sont souvent considérés comme des parias, des empêcheurs de tourner en rond, des ‘cassère plans’ comme on le dit en créole.
Y a-t-il un remède miracle qui puisse changer le cours des choses ? Certains estiment qu’il faut éduquer les coulples surtout avec enfants. Mais, que leur apprendre ? “On ne naît pas parents, on le devient”, dit l’adage avec une vérité de la Palice. Donc, il faut apprendre l’abc de cette vie où sacrifices devrait rimer avec joie de vivre et non que cela devienne un fardeau tellement lourd à porter qu’en cours de route, cela devient comme un chemin de croix.
La réflexion est de savoir s’il faut créer une école des parents pour leur donner les outils nécessaires pour mener à bien une mission qui devrait être exaltante et non des boulets qu’ils traînent. Au niveau du ministère de tutelle, plusieurs programmes ont été mis en place, des ONG aussi s’y sont mises tout comme l’église catholique et récemment la fédération des temples hindous (MSDTF) qui ont concocté tout un programme pour un cheminement des couples dans leur vie de parents.
Le comment devenir parents n’est pas une sinécure. C’est tout un art de vivre, d’être, de don de soi. Bref, de ce qui devrait être perçu comme des anges gardiens d’enfants mis au monde par amour. Et même si souvent par accident. Être parents, c’est tout simplement beau. Il suffit d’y croire. Et ce n’est pas la mer à boire…
Encadre 2
Survivre dans la pauvreté et la promiscuité
8% des 1,3 million d’hommes et de femmes vivaient en-dessous du seuil de la pauvreté à Maurice en 2019, selon Statistics Mauritius. Est-ce que ce chiffre devrait interpeller quand il s’agit de familles qui éclatent parce que pauvres et vivant dans la promiscuité ? Certains sont d’avis que c’est un raccourci trop commode, une excuse par trop facile pour ceux qui refusent de s’en sortr, ‘by hook or by crook’.
Toujours est-il, reconnaissent ceux qui côtoient de près ces couples avec enfants qui arrivent difficilement non pas à vivre, mais à survivre, qu’il faut être sur le terrain pour comprendre combien la pauvreté, un environnement malsain et pas convivial et la promiscuité sont des freins à l’épanouissement de ces familles.
Donc, selon les chiffres officiels, plus d’une centaine de milliers de nos compatriotes tirent le diable par la queue et ne peuvent subvenir à leurs besoins basiques. Est-ce que cela a une cause à effet ? Certainement, selon le senior Lecturer à l’UoM, Asrani Gopaul.
Imaginez un adolescent arrivant chez lui et se doit de faire ses devoirs parfois à l’aide de bougies autour d’un brouhaha dans le deux-pièces qu’il habite avec les autres membres de la famille, à partager un lit avec un petit frère, à manger un repas pas équilibré, avoir un coin-douche entre quatre feuilles de tôle, ne rien à mettre dans le pain pour l’école. Heureusement que l’école et le transport sont gratuits, sinon on n’ose deviner ce qui ce serait passer.
À leur décharge, comment un couple et sa famille peuvent-ils s’épanouir dans de telles conditions ? Ce qui pousse vers l’agacement, les guéguerrres à n’en plus finir, les atermoiements et le chacun pour soi qui tue dans l’oeuf tout effort. Il n’est pas rare que cette situation pousse des parents à négliger leurs enfants et leurs responsabilités qui vont avec pour se tuer au travail avec des heures sup, à avoir un deuxième travail les samedis et dimanches pour ne pas suffoquer.
Mais, en contre-partie, à force de se tuer à gagner leur vie, ces parents perdent ce qu’ils ont de plus précieux : l’amour et l’affection de leurs enfants qui, négligés et n’ayant plus de repères, se perdent et tombent dans des travers. Puis, ils ne se retourneront plus jamais pour voir leurs vieux laissés sur la touche, car pour ces adolescents leurs parents sont coupables de négligence. Et cela se paie cash…